Interdiction de l’avortement et l’exploitation des données personnelles : comment les autorités américaines veulent pister ceux qui violent la loi anti avortement
Aujourd’hui, le web et l’Internet dans son ensemble sont des outils particuliers qui peuvent permettre aux autorités de pister nos habitudes de consommation pour en déduire ce que nous faisons ou ce que nous comptons faire.
Ce n’est pas réellement quelque chose d’extraordinaire, cependant aux États-Unis, l’utilisation du Big Data dans le but de déterminer le comportement des citoyens peut aider les autorités à faire appliquer une décision de justice rendue la semaine dernière.
Etats Unis : les hackers décident de réagir face à la législation anti-avortement
Nous sommes dans le cadre d’une décision de la Cour suprême des États-Unis, qui a rejeté le fait que le droit à l’avortement était constitutionnel. Une situation qui correspond à la réaction de certains États fédérés américains qui souhaitent bien évidemment interdire cette pratique. Dans ce contexte, les gens commencent à créer une robe sur le potentiel surveillance de leur utilisation d’Internet dans le but de les traquer. Surtout lorsqu’on sait qu’aux États-Unis il existe un dispositif assez impressionnant pour collecter des données et les traiter de sorte en dégager des informations trop personnelles voire même confidentielles.
La crainte est totalement légitime. Ce qui pousse énormément de défenseur de droit à l’interruption volontaire de la grossesse à réagir
« Supprimez vos applications de suivi des règles, immédiatement. », peut-on lire sur les réseaux sociaux aux États-Unis. C’est une réaction totalement normale après que les personnes favorables à l’avortement aient été déçues par la décision de la Cour suprême américaine. Avec toutes ces applications en circulation qui permettent de souvent surveiller le cycle menstruel ou tout autre événement biologique féminin, on crée que cela permette de traquer les personnes qui décident d’avorter quand même.
Selon une enquête réalisée par l’ONG Kaiser Family Foundation, près d’un tiers des Américains utilisent des applications de suivi des règles. Parmi ces outils numériques on peut citer les plus populaires dont Flo, Clue ou Stardust. Ces applications permettent de suivre le début et la fin du cycle menstruel ainsi que d’autres informations liées à l’activité sexuelle et biologique de la personne concernée. Ce genre d’application permet de déterminer la période de conception propice ou la date approximative des prochaines menstruations.
Les données récoltées par ce type d’application sont susceptibles de permettre de suivre l’état d’une utilisatrice et déterminer si celle-ci est enceinte ou non.
On rappelle que depuis la décision de la Cour suprême de ne pas considérer le droit à l’avortement comment constitutionnel, certains États fédérés comme le Missouri ont légiféré pour l’interdire immédiatement.
« Les données collectées sur ces applications ne sont pas protégées par la loi HIPAA qui encadre le traitement des données de santé aux États-Unis », souligne Suzanne Vergnolle, une docteure en droit et spécialiste de la protection des données personnelles aux États-Unis et en Europe. « Autrement dit, ces applications peuvent vendre ou donner accès à ces informations à des tiers, pour des publicités ciblées, par exemple. Et ces informations collectées peuvent aussi être communiquées à la justice américaine dans le cadre d’une enquête. », explique cette dernière.
Mais peut-on véritablement considérer dès maintenant ces applications comme étant des mouchards des autorités susceptibles de traquer les personnes voulant forcément avorter au détriment de législation ?
« Faire le lien entre ces applications et un avortement paraît quand même relativement hasardeux », nuance Suzanne Vergnolle. « Beaucoup de facteurs peuvent expliquer des perturbations dans des cycles menstruels. Il faudrait probablement apporter d’autres preuves concordantes dans le cadre de poursuites judiciaires. », ajoute l’experte.
Selon cette dernière, le danger du tracking est lié à l’ensemble du monde numérique. Il ne saura se limiter qu’à quelques applications.
« La justice aura besoin de constituer un faisceau d’indices pour poursuivre, puis faire condamner les femmes qui auraient recours à un avortement illégal et ceux qui les aideraient », explique Suzanne Vergnolle.
« Les informations communiquées sur les applications de suivi des règles peuvent en constituer. Mais en réalité, c’est tout notre usage numérique qui pourrait y contribuer. », renchérit l’experte.
Au-delà de tout ceci, il faut quand même mentionner que les inquiétudes ne se base que sur des spéculations. Car dans le fond, aucune déclaration des autorités américaines peut pousser à croire que ceci voudrait utiliser les données de ses applications pour traquer leurs citoyens.
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