La problématique du cloud Américain à l’épreuve de la souveraineté des États européens
Cette problématique n’est pas du tout nouvelle.
En effet, les Européens depuis un certain moment s’interrogent sur la dépendance vis-à-vis des technologies produites par les Américains. Et la question majeure qui se pose de savoir si l’Europe allait perdre leur maîtrise de certains services essentiels au profit des géants Américains de l’informatique. Du moins, c’est ce que se demande plusieurs gouvernements.
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Ces inquiétudes se comprennent. En effet, ces dernières années, les grandes institutions européennes, en particulier les organisations gouvernementales et les entreprises privées n’ont cessé de conclure des contrats avec les Américains dans le domaine du cloud. Les exemples sont palpables. Parlons des contrats entre Google cloud et les entreprises françaises que sont Orange et Renault, de Amazon Web Services avec Volkswagen, ou encore de Microsoft Cloud Azure avec le ministère de la Santé français pour les données de recherche françaises.
En parlant de cloud ou de nuage ici, en fait certainement allusion à ces services qui permettent de stocker des ressources informatiques, ou d’emprunter une puissance de calcul via des services en ligne. Tout ceci sans être obligé d’avoir ses propres infrastructures informatiques qui sont généralement coûteuses à installer, à entretenir et renouveler.
L’Etat européen le plus inquiet face à une telle tendance est sans nulle doute l’Allemagne. Et bien sûr cela se comprend lorsqu’on observe son riche patrimoine en terme de données informatiques à cause de l’évolution croissante de son industrie. « La plupart des données européennes sont stockées hors de l’Europe, ou, si elles sont stockées en Europe, elles le sont sur des serveurs appartenant à des sociétés non européennes », pouvait-on lire dans un rapport fourni par plusieurs responsables de media et experts publié en mi-Juillet dernier sous la direction de Henning Kagermann, l’ancien dirigeant du grand éditeur de logiciels allemand SAP. On pourrait aussi lire ces lignes selon lesquels L’UE est en train de « perdre son influence sur la sphère numérique, à un moment où elle a pris un rôle central dans l’économie du continent »,
En début de mois, un diagnostic a été produit par un haut fonctionnaire français. « On a un énorme sujet de sécurité et de souveraineté autour des clouds », expliquait ce dernier. « Dans beaucoup de cas, c’est une facilité, voire une trahison pour des entreprises ou institutions européennes d’aller se débarrasser de tout cela auprès d’acteurs non européens parce que c’est plus simple », continue le fonctionnaire. Il estime d’ailleurs, sans malheureusement donner d’exemples spécifiques celui-ci : « Pourtant, nous avons de très bons acteurs dans le cloud et le traitement de données ».
Pour dire vrai, la principale préoccupation des Européens concerne particulièrement le Cloud Act. Cette loi américaine qui permet aux agences de sécurité des États-Unis, c’est-à-dire la CIA ou la NSA est-ce que d’autres agences fédérales d’accéder aux informations hébergé par les entreprises américaines sur leurs serveurs, et cela, peu importe où elle se trouvent. « Ma société est américaine et je sais très bien quelles sont les implications d’une telle législation », avertissait récemment une source Franco-américaine, sous couvert de l’anonymat. « Et vu ce qui est en train de se passer dans la rhétorique américaine, ces choses-là ne vont pas changer en mieux ».
Les décideurs européens s’inquiètent alors des informations que ces agences américaines pourraient récolter lors des traitements de ces informations. Même les experts en sont inquiets. Le haut fonctionnaire français cité plus haut remarque : « on est juste capable de produire des données, en ayant besoin des autres pour parvenir à les exploiter, alors on va être dans la même situation que les pays qui ont des ressources minières, mais qui ont donné la capacité à d’autres de s’enrichir avec, avec des retombées extrêmement faibles » pour les européens eux même.
Depuis le mois de juin, on parle en Europe de projet Gaia X. Une initiative engagée par l’État de France et d’Allemagne pour permettre une offre européenne dans le secteur du Cloud.
En d’autres termes, au lieu de continuer à fournir les clients aux entreprises américaines, qui s’étendent aujourd’hui pratiquement plusieurs domaines et services tel que le stockage, le traitement des données, l’intelligence artificielle ou même la puissance des calculs de données, les gouvernements français et allemand voudraient mettre sur pied est un ensemble d’entreprises européennes pouvant proposer l’ensemble de ses services. Et cela pour permettre au consommateur européen de trouver ce dont il a besoin sans pour autant chercher ailleurs.
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