La protection des données personnelles en Afrique est un sérieux problème qui pourrait se retourner contre le continent
Dans une interview sur France télévision en avril 2018, le président de l’organisme non gouvernemental, Internet Sans Frontières, Archippe Yepmou déclarait : « les gouvernements et les sociétés civiles doivent être conscients du fait que les données personnelles sont le pétrole du XXIe siècle, la matière première de l’économie de l’information et des démocraties de demain. En Afrique, si on ne fait pas attention à la manière dont elles sont récoltées ou traitées, on peut causer une inversion de l’agenda démocratique. Car les données personnelles vont permettre à des régimes autoritaires de renforcer leur pouvoir et leur tyrannie sur les masses. En revanche, si on estime que l’individu est propriétaire de ses données et que l’Etat doit les protéger, on assure à la fois la protection de l’individu et celle de la collectivité. Ensuite, gouvernements et société civile doivent également prendre conscience de la dimension géopolitique des données personnelles. C’est un enjeu de souveraineté nationale. Si un Etat laisse fuir les données de ses citoyens à l’extérieur, elles pourront éventuellement être utilisées contre lui ».
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En ces termes, il soulevait la problématique majeure qui s’opposait à l’Afrique, aujourd’hui à l’ère de la gestion très compliquée de données à caractère personnel.
Nous avons tous remarqué que de plus en plus, l’Internet commence à prendre du terrain en Afrique. On assiste à une « numérisation progressive » des institutions publiques et privées. Cependant la législation ainsi que les instructions administratives pour sécuriser l’ensemble de cette révolution numérique ne suivent pas. Nous assistons clairement à un déficit juridico administrative ainsi que policière. Le pires dans tout ça c’est que cette situation ne semble pas vouloir s’améliorer. Exposant ainsi, de nombreux utilisateurs de solutions numériques à travers toute l’Afrique.
En effet, selon une étude menée par le Digital report en 2018, on peut comptabiliser en Afrique près de 435 millions d’utilisateurs d’Internet et environ 191 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux. Ces nombreuses usagers du numérique africain produisent chaque jour des milliards de données personnelles , qui proviennent de l’usage des réseaux sociaux, des systèmes de paiement en ligne et des services de stockage Cloud.
Ce sont des informations générées par les Africains qui sont utilisées par des entreprises locales comme extérieures au continent, à des fins de ciblage publicitaire sans aucun contrôle ou suivi de la part des gouvernements, dans la majeure partie des cas. Disons que l’utilisateur lambda africain du net est exposé. Par ailleurs, certains pays acceptent même que les données personnelles des utilisateurs de services numériques soient transférées hors de continent africain.
Ce qui pourrait expliquer aisément que ce manquement, sera sûrement le manque de cadre juridique. La réglementation n’y est pas. Et les géants du numérique en profite au maximum.
Malheureusement cela produit son effet. On se rappelle du scandale qui avait éclaté en mars 2018, impliquant Facebook et la firme britannique Cambridge Analytica. On sait que parmi les millions de données qui ont été détournées, une certaine partie provenaient des utilisateurs africains. Cependant, durant les auditions et les enquêtes, aucun pays africains n’a réagi, ni même demandé des comptes au géant américain. Cette attitude passive des gouvernements africains face à ce qui pourrait être considéré comme l’une des plus grandes fuites de données impliquant la responsabilité des géants du web en dit long sur l’importance qu’ils accordent à la sécurité des données personnelles de leurs concitoyens.
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