Le traçage numérique : les risques pour les droits des individus
Lors d’une interview accordée au FIGARO, Patrice Franceschi écrivain, cinéaste, marin, officier de réserve, aviateur et aventurier de nationalité Française par ailleurs, Prix Goncourt de la nouvelle en 2015 déclare : « Le traçage est un pas de plus vers le totalitarisme numérique ».
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C’était lors d’une intervention concernant son ouvrage intitulé « Bonjour monsieur Orwell, le contrôle numérique de masse à l’heure du Covid-19 » sorti aux éditions Gallimard, qui traite des abus contre des libertés individuelles de la part des autorités, et cela a été mis en cheval avec le projet le gouvernement StopCoviD, l’application de traçage mobile.
Dans sa publication, Patrice Franceschi adopte une attitude réfractaire au projet gouvernemental concernant le traçage à travers StopCoviD. Et pas que ? Ce dernier est totalement opposé à tous types de projets visant de traçage mobile. À la question de savoir si ce genre de combat aujourd’hui n’est pas paradoxal, vu les conditions dans lesquelles nos données personnelles sont quotidiennement récoltées, traitées et utilisées par les grands du numérique tel que les géants américains du GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), ce dernier ne manque pas de soulever que cela est un autre combat, différents de celui qu’il voudrait mener contre le comportement des États. « En ce qui concerne les GAFA et leurs dangers pour les libertés, vous avez parfaitement raison. Il est tout à fait exact que nous sommes entrés depuis longtemps dans une époque de surveillance généralisée permise par l’extension sans fin des nouvelles technologies et le piétinement des progrès de l’humanisme. Nous vivons sous algorithme et ce n’est pas une bonne nouvelle pour notre vie intérieure, lieu premier de notre liberté. N’est-ce pas une raison supplémentaire pour avoir la sagesse de refuser d’aller plus loin? Mais il est vrai que l’effet d’accoutumance joue à plein et que la résignation est proche, même quand nous comprenons que le projet de loi StopCovid franchit une étape cruciale puisqu’il ne provient pas d’un géant privé des Gafa, mais de l’État lui-même, ce qui est très différent. », indique l’auteur.
Car de toute évidence, les objectifs ne sont pas similaires lorsque nous sommes du côté des entreprises du numériques ou des gouvernements. « Dans la mesure où l’État, en nous confinant d’autorité, nous a privé pendant deux mois de nos libertés fondamentales, tout ce qui est rattaché à ce virus pose la question du sens et de la valeur de l’existence. Pourquoi vivre si l’on n’est pas d’abord libre? Telle est la question fondamentale que pose le projet gouvernemental. ». Tout est une question de libertés fondamentales qui sont, elles censées être garanties par les États. Mais si ces derniers mettent en place des moyens ou des méthodes de nature à enfreindre de manière flagrante et irréversible à ses libertés, l’écrivain estime qu’il est normal de se concentrer beaucoup plus sur cet aspect des atteintes aux droits individuels. « Le danger qui nous menace avec cette application, sous des apparences incroyablement anodines, est celui d’une intrusion de l’État dans nos vies privées et notre intimité, ce qui revient à une nouvelle réduction de nos libertés individuelles et collectives du fait de cette surveillance » ajoute l’écrivain.
Ces observations de l’écrivain sont d’ailleurs fondées. En effet, il fait rappeler qu’il n’est pas le seul à décrier ouvertement le projet de mise en place du traçage mobile. Plusieurs experts à travers ne cessent de démontrer les failles du système. En France par exemple, 472 experts en sécurité informatique et en cryptologie, tous issus de prestigieux institut scientifique de l’Hexagone, publié en début du mois une mise en garde publique, portant sur les effets néfastes de l’adoption de la technologie de traçage mobile : « Toutes ces applications induisent en fait des risques très importants quant au respect de la vie privée et des libertés individuelles. L’un d’entre eux est la surveillance de masse par des acteurs privés ou publics… Les risques d’atteinte à la vie privée liés aux technologies Bluetooth sont reconnus depuis bien avant la crise sanitaire. » avertissaient les experts.
Pour conclure, Patrice Franceschi notait le fait que le gouvernement s’appuie trop sur la question de santé publique pour déployer un ensemble de moyens liberticides. Les refus manifestés de l’écrivain et d’autres personnalités ne visent pas à empêcher une solution gouvernementale de réussir son objectif exposé. Celui de permettre le confinement de la maladie. Cependant, le risque qu’une telle technologie puisse être détournée à l’avenir pour des raisons politiques et économiques n’est pas du tout négligeable et doit faire preuve d’une analyse profonde. « Toute l’histoire des sciences montre qu’une invention, lorsqu’elle est efficace, ne cesse de s’étendre. Il y a un effet de cliquet constant. En matière de contrôle, il n’est pas de retour dans le passé quand celui-ci est le fait d’un progrès technologique. La surveillance numérique serait si efficace que les pouvoirs publics y reviendraient à la première occasion car il y aura toujours un «virus» quelconque pour nous menacer. Il portera même toutes sortes de noms – à commencer par celui de terrorisme – permettant de justifier la poursuite du contrôle des citoyens, jusqu’à ce que ce contrôle devienne la norme. » note-t-il.
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