Le tracking, doit-on s’en méfier ?
Aujourd’hui, c’est un concept qui se développe de plus en plus dans la lutte contre la pandémie du COVID-19.
Les Etats et autres institutions préfèrent opter par la collecte de données pour faciliter le déconfinement. Pourtant tout ce qui concerne la collecte de données n’a jamais fait l’unanimité. Les gens en ont peur et il semble que cela soit à juste titre. La véritable problématique ici est une question de confidentialité et de la vie privée. Et les experts de la sécurité informatique depuis le début de l’idée conseillent de s’en méfier.
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L’idée est simple. Se servir de l’intelligence artificielle et le Big data, pour développer un système de suivi des personnes touchées par le virus. Ce système est déjà suivi en Corée du Sud où les opérateurs sont contraints de fournir aux autorités certaines informations sur leurs utilisateurs des différents services qu’ils proposent. De la sorte, grâce à un système de suivi, les Sud-Coréens reçoivent des notifications lorsqu’ils sont à proximité de personnes infectées par le virus. À l’instar de la Corée du Sud, d’autres pays tels que la Chine et l’Israël ont aussi opté pour ce système de traçage des personnes. Et il est de même en Europe, ou dans certains pays tels que les Pays-Bas l’Italie la Norvège l’Espagne le Royaume-Uni et même la France, les données des smartphones sont déjà collectées par les autorités. Mais dans ce contexte, la collecte de données se fait dans des conditions assez délicate.
En effet, les Européens sont beaucoup attachés à ces idéaux liés aux libertés individuelles qui transparaissent dans le règlement général des données personnelles. Par exemple, on sait que cette norme européenne interdit déjà aux différents opérateurs de faire des identifications à partir de recherche que les utilisateurs effectuent sur internet pour déterminer s’ils sont contaminés par le virus ou non. Cependant on ne peut pas aussi s’empêcher de collecter les données dans l’optique de se forger une certaine visibilité sur l’évolution de la pandémie. Mais du côté de la France, le gouvernement a décidé d’imiter l’exemple Sud Coréen à quelques mesures près. C’est ainsi qu’est née l’application dénommé « StopCoviD ». Selon les explications du porte-parole du gouvernement français, c’est une application mobile, qui fonctionnera à travers le service bluetooth, permettant ainsi enregistrer toutes les interactions qui se feront entre les différents utilisateurs, l’objectif étant d’alerter toute personne ayant été en contact avec un individu qui est déclarée positif au coronavirus.
Vu sous cet aspect, il est clair que la méthode de tracking est véritablement utile pour aider à l’élimination de la pandémie. Cependant, on ne va pas occulter certains problèmes qui peuvent découler de cette pratique. Du moins, c’est cela qui inquiète les spécialistes de la sécurité informatique ainsi que les défenseurs des droits à la vie privée et à la confidentialité. En effet, l’argument de base des autorités de repose sur le fait que les données qui seront collectées vont être anonymiser. Cependant il ne semble pas que cela soit si simple que ça. En effet une étude menée par des chercheurs de l’Imperial College London et l’Université Catholique de Louvain en Belgique, en 2019 a démontré qu’il est possible de » réidentifier » 99,98% des individus avec seulement 15 caractéristiques démographiques en utilisant les données de géolocalisation. ». Ce qui détruit bien évidemment l’argument phare des autorités. Par ailleurs certaines organisations telles que la Quadrature du net note que le gouvernement a déjà des mauvaises pratiques en terme de gestion des données des citoyens, lui permettre ce genre de liberté est risqué pour l’avenir.
Pour couper court au débat Arthur Messaud, juriste, affilié à la Quadrature du net recommande une publication du logiciel en Open Source. Mais au-delà de tout ceci, ce qui est le plus inquiétant, disent certains, c’est ce que va devenir ces informations après le confinement. Jan Stanley un membre de l’organisation « American Civil Liberties Union » note pour attirer l’attention : « l’urgence justifie beaucoup de choses qui ne seraient normalement pas justifiées, mais nous devons nous assurer que ces pouvoirs temporaires ne deviennent pas permanents. ». De plus, Max Schrems un activiste autrichien affirmait avec inquiétude : « que nous acceptions une surveillance d’État pendant la crise sanitaire, mais qu’elle prenne plusieurs années aux tribunaux pour s’en débarrasser ensuite » pour interpeller sur cette question de l’après coronavirus, si ces mesures de traquage sont bels et bien décidé de manière définitive. Arthur Messaud de son côté lui craint selon ces dires « un basculement culturel en faveur d’une surveillance massive de nos comportements hors ligne. ».
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