L’OTAN face à la cybercriminalité
Lors du récent sommet de l’OTAN qui a eu lieu ce lundi 14 juin à Bruxelles, les 30 chefs de l’État et de gouvernement des pays membres ont discuté de plusieurs enjeux sécuritaires.
En particulier ce qui concerne dans la cybercriminalité.
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Le président américain comme à l’accoutumé n’a pas cessé d’exister sur les menaces que représente la Chine et la Russie en allant dans ce sens.
Mais qu’en est-il réellement de cette menace que représente la Russie et dans le gouvernement américain ne cesse de décrier. À ce sujet, Xavier Raufer, auteur, criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l’Université Paris II explique : « Il faut tout d’abord bien définir le terme de menace. À l’heure actuelle, la Russie ne menace pas grand monde… Mais dans une situation où ce pays gigantesque se trouve exposé à des dangers multiples, il a développé de nouveaux systèmes d’armement impressionnants et révolutionnaires. Ainsi, si on se projette dans la guerre de demain, la Russie a une avance assez considérable.
Il est à noter qu’elle a largement testé aux combats ses armes en Syrie. L’essai au combat donne une meilleure connaissance de son matériel que des outils qui ont servi au Bourget ou dans des festivals militaires internationaux.
Plus précisément, les Russes ont une avance sur des dispositifs de guerre radio électronique. Ces outils bloquent les ondes sur un secteur donné (plusieurs centaines de km2) où ils peuvent interdire à des instruments de guerre tout usage d’onde. Ainsi, le bateau qui se trouvait en capacité de naviguer est complètement paralysé. Ces armes ont été utilisées en Syrie, au Haut-Karabakh pendant la guerre récente. Au vu des retours de nombreux officiels, ces armes sont extrêmement impressionnantes.
Naturellement, dans un contexte où la guerre utilise toujours plus d’informatique le fait de perdre cet atout brutalement et immédiatement est de l’ordre de la catastrophe absolue. Aujourd’hui, même les obus tirés par les canons sont intelligents donc affectés par la paralysie des ondes. Ces systèmes rendent alors la bataille impossible. Sur les quelques semaines de batailles au Haut-Karabakh, le dispositif a été utilisé pendant quatre jours et durant ce laps de temps, aucun drone turc n’a pas pu décoller.
Avec ce type d’armement la Russie arrive à tirer son épingle du jeu. Lorsque la Pologne a fait une simulation de combat pour vérifier si son armée pouvait repousser une offensive militaire russe, Varsovie a été conquise en quatre jours…
Ce que l’on sait c’est que lorsqu’un tel type d’arme est annoncé, il est déjà aguerri et en place. Lorsque les Russes, comme les Chinois, Turcs ou Iraniens ont quelque chose de nouveau et de révolutionnaire ils ne vont pas le crier sur les toits. Il s’agit d’un matériel déjà testé, déjà connu. S’il a été utilisé lors d’opérations, il a été vu par l’OTAN, mais il y aussi probablement d’autres surprises que nous ne connaissons pas. ».
Au niveau de la cybercriminalité, il a été fait mention de plusieurs attaques informatiques imputées à des hackers d’origine russe chinoises. Cependant l’on ne sert à rien véritablement de la capacité réelle des cybercriminels russes, si ce n’est ce qui affirme le gouvernement américain. Mais qu’en est-il véritablement ?
« La Russie a comme caractéristique d’héberger sur ses terres un grand nombre de cybercriminels, des groupes organisés et de très haut niveau, très professionnels. Avec les autorités, ils ont obtenu une certaine bienveillance au vu de leur activité tant qu’ils n’attaquent pas l’Etat et les entreprises Russes et leurs alliés. En contrepartie de cela, on viendra de temps en temps leur demander des services. Cela permet à la Russie, qui n’a pas de moyens considérables d’avoir une capacité de frappe très conséquente. A coté de cela, ils ont des unités de cyber de très haut niveau au sein de leurs services de renseignement. », note Fabrice Epelboin est enseignant à Sciences Po et cofondateur de Yogosha, une entreprise spécialisée dans la sécurité informatique et l’économie collaborative. « Il y a deux ans, ces unités ont – auraient – attaqué l’entreprise SolarWinds, une société qui propose un logiciel permettant de gérer des réseaux dans les très grosses entreprises et administrations. Les Russes se sont en quelque sorte insérés dans cette technologie et, par rebond, se sont invité dans potentiellement toutes les grandes entreprises occidentale clientes de Solarwinds, soit une large partie du Fortune 500 ou du CAC40. Avec de telles actions, ils montrent qu’ils ont une importante puissance de frappe et cela les rend beaucoup plus menaçants. La Russie a par ailleurs toujours été une grande nation en termes de mathématiques et c’est ce qui en fait de bons hackers. N’oublions pas que c’est aussi valable pour la France », ajoute le spécialiste.
Mais qu’en est-il de la menace véritablement ? Comment peut-on évaluer l’étendue du risque pour les pays de l’OTAN. Pour Fabrice Epelboin : « Les Chinois aussi ont attaqué une autre technologie, Microsoft Exchange, un service qui est aussi utilisé par la moitié des entreprises occidentales. À partir de cela, ils se sont – comme les russes – potentiellement invités dans la moitié des entreprises de la planète. En Chine aussi la puissance de frappe est colossale, la nation produit un million d’ingénieurs par an et contrairement à la Russie, elle a des moyens financiers colossaux. Il y a trois ans, la NSA contrôlait tout mais cela a changé. L’équilibre des forces est différent aujourd’hui, nous ne sommes plus dans un monde où les Américains dominent tout sans partage. ».
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