Lutte contre la pédopornographie en ligne : comment l’Union européenne compte s’y prendre
L’Union européenne est en pleine actualisation des réglementations qui sont destinées à la protection des mineurs.
Parmi les règles qui sont envisagées, il figure de nouvelles réglementation qui permettront de rendre obligatoire l’analyse des messages, même ceux qui sont chiffrés dans le but de traquer les contenus à caractère peu pornographique.
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Sans même aller plus loin, cette proposition de loi rappelle fortement l’initiative de Apple d’installer une technologie permettant quelque chose d’assez similaire. On se rappelle que cela a littéralement soulevé énormément de critiques de toutes parts. Il faut donc s’attendre à ce que ce nouveau plan de l’Union européenne ne fasse pas l’unanimité voire, cause une vague de contestation.
Dans ce genre de contexte, quand bien même que la raison semble bien fondée, il est légitime de s’interroger si la fin justifiait les moyens.
Cette histoire a été révélée au grand public depuis le 10 mai dernier. La commission européenne a exposé dans un document sa stratégie qui va consister à obliger les plateformes à s’impliquer directement dans cette lutte. L’objectif est de lutter contre la propagation des contenus à caractère pédopornographique en surveillant le contenu des échanges.
L’idée est de scanner tout ce qui va transiter dans les serveurs. Bien évidemment les autorités ne seront pas celles qui seront chargées de faire ce travail d’analyse. Cela sera la tâche des techniciens et d’intermédiaires auprès des fournisseurs et des services d’hébergement. À la détection de contenu répondant aux critères énoncée par la commission européenne, ceci doivent être effacés et signalés aux autorités.
La proposition va impliquer énormément de considération éthique particulièrement dans le sens de la vie privée et de la confidentialité.
« La Commission a effectivement présenté le 11 mai sa nouvelle stratégie pour protéger les enfants sur le net et les former à cet environnement. En marge de celle-ci, Bruxelles indique qu’une proposition de législation a été adoptée sur la protection des enfants contre les abus sexuels. Celle-ci balaie plusieurs enjeux, dont celui de la lutte contre les abus sexuels sur mineur. », explique Julien Lausson, journaliste.
Dans une foire aux questions, les autorités européennes mentionnent leur volonté de réviser cette loi dans le but de « définir les responsabilités des fournisseurs, en les obligeant à évaluer et à atténuer le risque d’utilisation abusive de leurs services ».
Ce sera donc la charge des intermédiaires de veiller à ce que cela soit effectif. Quant aux autorités, elles n’interviendront qu’en cas d’extrême nécessité.
Selon les explications de la commission de l’Union européenne, en cas d’adoption de la loi, toutes les étapes seront gérées et encadrées par une nouvelle agence basée à La Haye. Il s’agira d’un centre européen qui aura pour but de lutter contre les abus sexuels subis par les enfants. Le rôle de ce centre consistera à faciliter tout type d’action auprès des intermédiaires techniques, en fournissant une certaine expertise dans la manière d’analyser et de signaler tout type de détection qui peut porter à la pédopornographie.
Toutefois, en observant la situation sous un autre angle, on peut comprendre que la situation ne puisse pas véritablement réjouir plus d’un. Effectivement on pourrait croire que l’Union européenne cherche tout simplement à comprendre les plateformes et les services d’hébergement à initier une campagne de surveillance de masse juste pour répondre à un besoin dans l’ampleur de justifie pas les violations qui peuvent être causées.
Il est clair que lutter contre l’exploitation des mineurs sur le plan sexuel représente quelque chose de noble et voire très important. Mais avec la nouvelle proposition, il est possible que l’on puisse porter une atteinte à d’autres droits qui sont tout aussi importants. Notamment de droit à la vie privée et à la confidentialité de ces échanges. Il y a aussi la possibilité de violer la liberté des utilisateurs de service numérique.
« Or, la perspective d’une obligation de balayage générale et indiscriminée sur les services d’hébergement et de communication fait peser un risque que tous les outils techniques qui permettent de garantir effectivement ce secret des correspondances, à commencer par le chiffrement de bout en bout. De fait, ce plan européen pourrait conduire à son affaiblissement. », explique le journaliste.
« La Commission veut que les fournisseurs puissent fouiner dans les communications privées des citoyens sans porter atteinte à la sécurité et à la confidentialité. A-t-elle consulté quelqu’un qui comprenne réellement la sécurité informatique ? Le texte se contredit lui-même », écrit sur Twitter, Marcel Kolaja, député européen et membre du Parti pirate. Ce dernier contrôle l’initiative formellement.
Pour Alec Muffett, un ingénieur informatique spécialisé dans la cryptographie et la sécurité des systèmes et des réseaux : « Ce document est la chose la plus terrifiante que je n’aie jamais vue ».
Matthew Green, aussi expert en cryptographie : « Ce document est la chose la plus terrifiante que je n’aie jamais vue. Il propose un nouveau système de surveillance de masse qui lira les messages privés, non pas pour détecter la pédopornographie, mais pour détecter la sollicitation d’enfants à des fins sexuelles. ». Il ajoute par ailleurs : « Permettez-moi d’être clair : pour détecter cette sollicitation, il ne suffit pas de rechercher la pédopornographie connue. Il ne s’agit pas non plus d’utiliser l’IA pour détecter de nouveaux contenus de ce type, ce qui est aussi envisagé. Il s’agit d’exécuter des algorithmes qui lisent vos messages pour comprendre ce que vous dites, à grande échelle ».
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