Pourquoi les experts n’aiment pas le vote en ligne
Proposer des services de vote en ligne est quelque chose qui est proposé depuis quelques années.
Effectivement, il existe beaucoup d’alternatives pour beaucoup de situations où les gens auraient préféré avoir l’opportunité de pouvoir voter à distance.
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Aux États-Unis certains Etats ont opté pour cette initiative facilitant ainsi bon nombre de votants la tâche d’accomplir leur devoir citoyen. Pourtant les choses ne sont pas aussi simples. Et la question de la fraude est persistante. Du côté de la France, on sait que l’Institut National de Recherche Appliquée à l’Informatique a développé une plate-forme en ligne qui donne la possibilité de suivre et de chiffrer son bulletin de vote. Ce projet est connu sous l’appellation de Belenios. Si le projet est ambitieux, cette plate-forme ne peut pas remplacer les urnes car on aura toujours ce mal à contrôler les questions de fraude.
Effectivement, qui parle de vote en ligne parle d’attaques informatiques potentielles. Il faut rappeler qu’en 2004, le Pentagone américain avait décidé d’investir près de 22 millions de dollars dans un projet de déploiement de l’appareil permettant le vote électronique. Il était destiné à près de 100 000 expatriés américain composés à la fois de militaires et de civils. Malheureusement le projet a été abandonné.
Si pour le vote papier on a toujours dénombrés énormément de risques tel que le bourrage des urnes où ne le vote de personnes décédées, la fraude à travers le vote électronique est beaucoup plus complexe à saisir et contrôler.
Mais on ne peut pas exclure totalement la possibilité du vote en ligne. Dans un contexte où les choses deviennent de plus en plus numérique, comment se passer d’internet même pour les besoins de ce genre. C’est pour cette raison que les projets continuent de s’enchaîner.
Le projet Belenios, conçu depuis 2012 à part l’INRIA, une plate-forme open source qui permet le vote électronique à distance, fait partie des alternatives à prendre au sérieux. La sécurisation du vote se fait selon un processus particulier : « nous utilisons des techniques cryptographiques : lorsque vous avez choisi votre candidat depuis votre ordinateur, votre vote est chiffré et envoyé à un serveur. Ensuite, on affiche la liste de tous les votants ce qui permet à une personne de constater que son vote a bien été pris en compte », explique le responsable de l’équipe-projet PESTO (Inria Nancy-Loria), Steve Kremer.
Après les votes, on dépouille les votes. « Chaque bulletin n’est pas déchiffré séparément car sinon on va casser le secret du vote. Nous utilisons le chiffrement homomorphe, c’est-à-dire qu’à partir du chiffrement de chacun des votes, il construit le chiffrement de la somme de tous les votes, soit celui du résultat. Il ne décrypte donc pas chaque vote un par un, mais uniquement le résultat final », note Steve Kremer.
Bien évidemment comme toute initiative la perfection n’est pas véritablement au rendez-vous. Dans ce projet la principale vulnérabilité est le terminal informatique utilisé par l’électeur. Car en dépit de tous les moyens déployés, il est impossible de savoir si l’ordinateur de ce dernier n’est pas déjà infecté par un programme espion. Ce qui pourrait d’une certaine manière porter atteinte à l’intégrité du vote. Un autre risque peut être aussi le fait de transmettre ses identifiants et ses mots de passe pour qu’une autre personne puisse faire le vote à sa place. Cela peut être pour différentes raisons comme en échange d’une rémunération par exemple.
« Tout n’est pas encore parfait, reconnaît l’expert de l’INRIA. Le principal point faible reste l’ordinateur de l’électeur. Comment s’assurer qu’il est sécurisé et qu’il n’y a pas un logiciel espion d’installé ou un virus qui changerait le choix du vote ? Autre risque, le login et le mot de passe donnés à une tierce personne qui votera à la place d’une autre contre rémunération. », souligne Steve Kremer.
Ce qui fait qu’il est difficile de déployer des plateformes pour des élections de manière générale. À défaut, elles peuvent être particulièrement utiles lorsqu’il s’agit de vote par correspondance. Et bien évidemment lorsque le vote est fait à petites échelles. Les élections aussi sensibles que l’élection présidentielle ou l’élection des députés et sénateurs sont des types de scrutin difficilement adaptés pour ce genre d’appareil.
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