S-money, vous connaissez ? Pas sûr. S-money est un dispositif permettant de transférer de l’argent et de payer via son smartphone. Développée par le groupe BPCE depuis 2011, cette application mobile ne se limite au paiement de petites sommes chez son commerçant. Dans sa version pro, elle se présente aussi comme une plateforme de paiement, valable autant pour le paiement à distance, le crowdfunding, que le paiement de proximité.
Il s’agit donc d’une application mobile, entièrement gratuite et facilitant les transactions numériques. Mais depuis le début de l’année 2015, S-money, utilisable quel que soit votre établissement bancaire, se lie à Twitter. Il est donc dorénavant possible d’envoyer de l’argent à quelqu’un par le biais d’un simple Tweet…
Il suffit pour cela de taper le hashtag @SmoneyFR, suivi de la mention envoyer (somme)€ et de finir par l’adresse Twitter de votre correspondant. Simple, pratique, efficace, et apparemment bien sécurisé. Et au final, l’argent devient un texte comme les autres…
Une nouvelle façon de procéder
Si le procédé a de quoi séduire toute une partie (geek ?) de la population, il pose question quant à la valeur réelle de l‘argent. Alors que l’on nous explique a longueur de temps qu’il nous faut travailler des heures durant dans des conditions psychologiques parfois très précaires, pour pouvoir prétendre à un salaire de misère, tout est fait, de l’autre côté, pour nous montrer que la monnaie n’est qu’un jeu virtuel que l’on peut s’adresser l’un à l’autre comme si l’on s’envoyait un selfie de lendemain de cuite.
Philosophiquement, ça pose problème. Parce que la numérisation de la monnaie, et par là-même la virtualisation de celle-ci, tend à démontrer chaque jour que l’argent n’a plus de valeur en soi. Les exemples sont quotidiens et très nombreux. Le premier d’entre eux vient de votre banque et du processus de création monétaire. Dans les faits, la monnaie est crée par la dette. A chaque fois que vous empruntez à votre banque, cette dernière crée l’argent. Elle ne l’emprunte pas ailleurs, contrairement à ce que l’on peut entendre ici et là. Et, quand vous remboursez, la banque annule le capital crée, et conserve les intérêts, qui se trouvent donc être de la nouvelle monnaie.
Valorisation selon des indices
Sans rentrer dans les détails de jeux sur les marchés, les dettes (argent virtuel non existant) sont valorisées selon des indices, et permettent la création d’argent, ou du moins de valeurs associées à des biens de consommation courante et à des matières premières, comme le pétrole, le riz ou le blé. Tant et si bien que cela n’a plus aucun sens.
Mais jusqu’ici, cette dématérialisation monétaire ne touchait que les marchés. Dorénavant, il nous faudra faire avec également dans notre vie quotidienne. Et d’autant plus que tous les gouvernements du monde occidental optent petit à petit pour une réduction des possibilités de retrait et de paiements en liquide. En effet, les plafonds de paiement baissent régulièrement, sous couvert de lutte contre l’évasion fiscale, les marchés parallèles (comprenez, les marchés non contrôlés) et le travail au noir.
Bienvenue dans un monde où même l’argent n’a plus de valeur…
Dans toute cette nouveauté, il y a tout de même une lacune majeure qui est celle de l’utilisation frauduleuse d’un compte Twitter.